Espace Roleplay !

Salut !

La Cour d'Hiver de l'Empereur s'anime.
Toutes les délégations sont arrivées sans encombres à Otosan Uchi et la famille Miya a pu les accueillir à mesure qu'elles se présentaient aux portes du palais.

L'Hiver. La saison de la paix.
La neige a recouvert une bonne partie du pays.
Les routes deviennent impraticables, autant pour les marchand que pour les armées.
Mais l'esprit d'un samurai doit rester affûté.

C'est pourquoi la Famille Impériale a souhaité que chaque délégation propose un Défi à l'ensemble des invités.

Le Clan du Lion est le premier à avoir été tiré au sort et les commentaires vont bon train. Les historiens sont intarissables sur les traditions de la famille Ikoma. Derrière les éventails, on ne saurait dire si les sourires qui ponctuent les apparitions de Ikoma Ikehata relèvent de l'admiration ou de la moquerie. Du côté des délégations Grue et Licorne, les sourires, lorsqu'on en voit semblent moins naturels et les échanges révèlent parfois une certaine froideur à l'égard de la famille Akodo et de la famille Matsu.

***

Bienvenue sur le sujet Rolepay de la Cour d'Hiver 2019.
N'hésitez pas à vous l'approprier librement si le cœur vous en dit.
Ici, les échanges ne feront pas gagner de points.
Seulement de bons souvenirs.

++

Mika

Yasuki Kamoru était adossé à une colonne, sur le côté de la grande salle. Comme à son habitude, il observait, en faisant semblant de boire. Jamais il n'accepterait de perdre ses moyens au profit d'une boisson, si bonne soit-elle.

Il s'amusait, derrière son verre, de voir les courtisans du clan de la Grue si choqués par les manières des samurais présents. La Cour d'Hiver avait cet intérêt d'amener à la Capitale une population peu habituée à la vie de palace. Lui-même avait passé quelques années à Kyuden Hida, il en avait vu d'autres.

Il repéra alors, assis seul à table, un de ses lointains cousins, Yasuki Oguri. Son air était triste, le nez plongé dans son verre. Lui tenir compagnie semblait une bonne idée, non pas pour les informations qu'il pourrait obtenir, mais un homme en train de discuter serait moins suspect qu'un homme en train d'observer.

Il alla donc saluer son jeune compatriote, et s'assit de manière à garder une vue dégagée sur la grande salle.

Cette première nuit de la Cour d'Hiver promettait d'être mouvementée.

Il n'aura en effet pas fallu attendre longtemps pour que les esprits s'échauffent.

Contre toute attente, ce sont deux samurais du clan de la Licorne sur lesquels les occupants de la salle se retournèrent. Visiblement à propos d'une calligraphie ratée, et d'une raillerie en réponse, les deux belligérants s'étaient levés et se faisaient face, les yeux dans les yeux, les mâchoires serrées.

L'histoire, grâce aux scribes présents, se souviendra qu'Halion fut le premier :

"Cet affront ne peut se régler que sur un champ de bataille !"

Face à lui, Ide Nobu, armé de son sourire narquois, et plein d'arrogance :

"Nous savons l'un comme l'autre comment tout ça va se finir. Tu ferais mieux de te rasseoir"

C'en était trop pour Halion, qui posa sa main sur le Tsuka de son katana, et répondit :

"Ce sera alors le premier sang qui en décidera"

Le duel:

En quelques enjambées lourdes, une femme armurée s'interpose et frappe le sol de la hampe de son naginata entre les deux protagonistes.

Ide Nobu pose alors sa main sur l'avant bras de la femme qui semble s'apaiser un peu:

"Utaku Kujuuko san, je serai toujours étonné et rassuré par votre zèle. Mais rassurez vous, ces tensions ne sont ici que l'expression de la fatigue dûe à un long voyage."

Il se tourne alors vers le daymio du clan du Dragon, les mains écartés et le sourire large, comme s'il allait serrer un vieil ami dans ses bras, sans rien en faire pour autant.

"Halion-san, nous sommes en pleine trêve hivernale et faire couler le sang en plein ichigatsu alors que de longues semaines de résidence nous attendent serait, à mon humble avis, très inconvenant.
En vérité, je comprends que nos avis différent, mais faisons preuve de Courtoisie et laissons le sang réchauffer nos veines en cette saison où la guerre est soit un souvenir, soit un projet."

Il détache alors une bourse en cuir de sa ceinture qu'il laisse tomber de quelques centimètres de hauteur sur une table avoisinante. On devine alors le bruit de petits objets qui s'entrechoquent.

"Un de mes amis, Ide Jun-Manji ici présent (il désigne alors un marchand de la famille Ide emmitouflé dans de larges pans de fourrures dont les ongles longs des mains semblent percés par différents bijoux) m'a offert un jeu qu'il a glané lors d'un de ses voyages au frontière de Rokugan. Mon ami et frère de clan est un grand collectionneur de jeux de différentes contrées. Celui-ci est bien particulier et met en valeur l'agilité des participants.
Il en connaît les règles et je n'ai pas encore eu l'occasion de pratiquer ce jeu. Nous serons, pour ainsi dire, à égalité."

Il invite alors son interlocuteur à s'asseoir alors que lui-même s'agenouille près de la table de jeu.

"Nous pourrons ainsi divertir les quelques personnes autour de nous et nous n'ouvrirons pas cette Cour d'Hiver sous le signe du sang, ce à quoi je tiens, Halion-san."

Aphorisme Ise Zumi :

"A la cour comme à la mer, le vent qu’il fait décide de tout.

Un heimin ouvre un panneau shoji depuis l'extérieur pour apporter le thé.
La fraîcheur de la saison vient caresser votre visage, et vous appréciez d'autant plus d'être calfeutrés sous des couvertures et d'épais kimonos.

Derrière le heimin, vous entrevoyez l'autel de Daikoku, Fortune de la Richesse, et protectrice désignée de cette Cour d'Hiver.

Alors que le heimin referme le panneau derrière-lui pour préserver la chaleur de la pièce, vou avez tout juste le temps d'apercevoir un samurai sortir du sanctuaire accompagné d'un moine à la mine réjouie.

Le cinquième jour du mois du boeuf, à l'heure d'Akodo.
Le calme règne sur la Cour Impériale.
La neige tombe à flocons légers autour des pavillons richement décorés.
Cependant, cette quiétude vous paraît bien étrange.

En effet, vous êtes parvenu à intercepter un message codé des plus inquiétants, il y a quelques jours.
Après l'avoir déchiffré, vous avez eu l'intuition qu'un danger imminent guettait la Cour d'Hiver aujourd'hui même.
Vous en avez bien sûr informé la famille Seppun afin que personne ne puisse porter préjudice au Fils des Cieux en ces lieux.

Cependant, vos craintes se concrétisent lorsque Seppun Ishikawa vient vous trouver dans les jardins impériaux.
on visage est de marbre mais sa démarche à elle seule exprime un mélange de colère froide et de culpabilité. Après vous avoir attiré à l'intérieur, loin d'un groupe d'invités rieurs occupés à jouer au kemari, il vous informe en chuchotant que Kunshu, la lame légendaire de l'Empereur n'est plus sur son présentoir. Il faut en arriver à l'évidence : quelqu'un qui était présent en ces lieux ce matin est parvenu à la voler.

Douze serviteurs peuvent avoir commis ce crime horrible.
Seppun Ishikawa vous en fournit la description.

Par ailleurs, il semble que 8 éminentes personnalités, toutes invitées de l'Empereur, aient pu, à leur insu, avoir saisi des indices cruciaux qui permettront de tirer cette affaire au clair. Vous devinez qu'Ishikawa n'ose prétendre que l'une d'entre elles puisse s'être rendu coupable de complot, mais votre devoir vous impose de n'écarter aucune éventualité.

Il s'agit de :
Yasuki Taka (un espion à la solde du Clan de la Mante ?),
Kitsuki Yaruma (la rumeur prétend qu'il se maquille),
Doji Shizue, (Qui sait offrir et recevoir d'impressionnants bijoux)
Iuchi Shahai, (Une courtisane affirme qu'après des mois à la cour, elle sent toujours le poney)
Akodo Kage (qui fait également figure de sage),
Miya Satoshi, (toujours vêtu de vêtements frais et éclatants)
Kaito Kosori (à l'origine de la restauration du temple de Daikoku),
Bayushi Kachiko, (une Dame Charmante, à ce qu'on dit),

ous avez déjà l'une d'entre elles , occupée à jouer avec d'autre invités.
Mais de la même manière que vous avez su déchiffrer l'étrange message caché dans une boîte, vous n'aurez aucun mal à retrouver l'adresse des 7 autres. Et il va de soi que vous ne pourrez les interroger qu'une fois qu'elles y seront retournées.

ourtant, le temps presse, car à chaque minute le coupable s'éloigne peut-être inexorablement de la capitale.
Seppun Ishikawa vous le demande comme un faveur : vous devez impérativement trouver qui est le coupable et découvrir où il se cache ! Car il faut bien se rendre à l'évidence, il s'agit clairement d'une énigme, un mystère.

Quelques semaines plus tard...

26e jour du mois du boeuf,

Vous suivez des yeux le manège des courtisans et de leurs serviteurs.
Vous savez que de nombreuses alliances dépendent de mariages arrangés dont les prémisses naîtront ici,
à la cour d'hiver.
Quelques messages sont envoyés ici et là, accompagnés d' ou présents.
Parfois même, légèrement parfumés.
Ces missives transitent par les mains de serviteurs du palais, et comme aucun d'eux ne sauraient refuser d'obéir à un invité de marque, la plupart sont lues par ou courtisans avant d'avoir atteint leur destinataire.
Mais cela fait parti du jeu et en conséquence, qui saurait dire combien de ces lettres sont sincères ?
C'est une question différente qui vous brûle les lèvres : et l'amoureux transi, alors, à qui pourrait-il vraiment faire confiance ?
Voilà un à la mesure de vos talents d'enquêteurs.
personnalités semblent avoir l'oreille de celle que l'on convoite entre mille.
Mais à laquelle pourrait-on confier un message secret ?
L'enjeu est de taille : en amour, comme à la guerre, les premières impressions sont souvent déterminantes.

Il semble que les enseignements de vos sensei aient porté leurs fruits.
Vous avez su analyser les jeux de regards, les discours de chaque geste, les mensonges derrière les sourires.

Vous avez su faire confiance au bon confident et la nièce de l’Empereur a reçu votre message.
Il ne peut en être qu’ainsi, puisqu’elle vient de vous inviter à jouer une partie de shogi dans un salon de thé que vous ne connaissiez pas. Et pour cause : des gardes seppun vous y ont escorté en empruntant par des passages habilement dérobés à le vue des invités.

Assise en seiza devant un luxueux jeu de shogi, elle vous fait signe de vous asseoir en face d’elle.
Curieusement, le shogiban n’est pas prêt pour que vous puissiez jouer une nouvelle partie.
Les pièces noires et rouges sont disposées de manière étrange.
S’agit-il d’une partie en cours ? Impossible…
Tout cela n’a aucun sens.

Mais la nièce du Fils des Cieux s’adresse bientôt à vous et vous laissez là le cours de vos pensées.
Alors qu’une dame de compagnie, qui porte le mon de la famille Doji s’approche pour vous servir le thé, vous entamez une conversation qui semble n’avoir aucun rapport avec le jeu : le choix du prénom.

Le prénom que choisit chaque samurai à l’âge adulte est en effet riche de sens et de débats.
Ainsi, vous tentez ensemble de souligner certains traits de caractère de la sœur du Scorpion Honnête, ou d’expliquer les choix du mari d’une samurai du Clan du Lion ayant elle même choisi le nom de « Sincérité ».
Il vous semble même que cette conversation revêt à présent une forme de test, comme lorsque certaines questions sont posées entre deux gorgées de thé :
« Connaissez-vous le prénom que mon Oncle emploie, parfois, en privé ? »
Ou encore :
« Vous n’ignorez pas que la Championne du Clan de la Grue est mariée ? Avec quelqu’un de très discret. Si bien que la Cour oublie parfois son nom. »

Votre échange continue, et vous évoquez à présent des coutumes ayant cours dans les montagnes du Clan du Dragon :

« Saviez-vous que les moines commandent aux guerriers au sein de la famille Togashi ? Connaissez-vous le prénom de l’héritier de son champion ? »

Tout ce temps, la noble dame n’a esquissé aucun geste en direction du shogiban.
Cependant, au moment où votre courte conversation semble toucher à sa fin, la dame de compagnie qui vous a servi le thé s’approche maintenant du jeu.

La nièce couvre son visage derrière un éventail décoré de fleurs de cerisier, tandis que la courtisane Grue prend la plateau à deux mains et renverse sur la table toutes les pièces qui y étaient installées… Un geste manifestement incongru qui vous oblige à un effort de concentration pour ne pas montrer votre surprise !

Plus étrange encore, votre hôtesse se lève, contre toute attente, et une autre dame de compagnie fait glisser un panneau shoji alors qu’elle s’apprête à quitter la pièce.

Quel départ soudain !
Votre attitude a-t-elle pu en être responsable ?
Vous restez interdit.

Alors que le doute s’empare de votre esprit, votre hôtesse vous adresse ses adieux en vous tournant le dos.

« Je vous remercie pour cette partie très éclairante.
La saison touche à présent à sa fin et je rejoindrai bientôt ma nouvelle résidence.
Si vous avez de la mémoire, et que vous avez porté attention à notre échange,
Vous saurez me retrouver. »

Les beaux jours reviennent peu à peu à Otosan Uchi.
Quelques bourgeons percent déjà dans les jardins bien entretenus de l'Empereur.
Parfois, les passants aperçoivent un passereau.

Un magistrat Otomo s'y dégourdit les jambes lors de sa promenade matinale.
L'air est frais et vivifiant, il lui semble d'ailleurs que Kitsuki Yaruma-sama a pris la même habitude.
N'est-est ce pas lui, d'ailleurs qu'il aperçoit au loin ?

L'occasion est trop belle, voilà quelques jours qu'une question le taraude.
Il force le pas pour aller le saluer.

-"Yaruma-sama, quel grand plaisir de partager avec vous le bon air du matin !
Je me nomme Otomo Seisatsu ! Koshun, la Fortune des Chemins, a sans doute guidé mes pas aujourd'hui, car justement, il est une question que je voulais vous poser."

-"Il me sera bien-sûr agréable de l'entendre, Seisatsu-san.
Sauf si, vous attendiez de moi quelque réponse, évidemment", répond Yaruma avec un sourire bienveillant.

-"Oh, loin de moi l'idée de vous embarrasser Yaruma-Sama.
Simplement, j'ai attendu avec intérêt le défi que votre clan allait proposer à nos invités cette année.
Le koan que vous avez adressé à la cour était effectivement remarquable d'à propos tant les conflits ont monopolisé les débats ici comme partout ailleurs.
Il est évidemment certain qu'une telle énigme appelle à chercher une réponse au-delà des mots qui l'enferment.
Cependant, aucun membre de votre clan n'a pu nous honorer de ses réflexions sur le sujet et je me demandais ce que vous-même auriez pu répondre ?"

- "Ah ! oui, bien sûr, cette énigme...
Je vous ferai grâce des circonstances de sa conception qui restent étranges en elles-mêmes
et n'enlèvent rien à l'intérêt que vous lui portez aujourd'hui.
Ma réponse ? Je l'aurais puisée, peut-être, dans un souvenir récent.
Il m'arrive de flâner parfois dans les rues d'Otosan Uchi.
Je me concentre alors sur ma respiration et j'oublie parfois le monde qui m'entoure.
Une forme de zazen, en mouvement si l'on peut dire.
Parfois mes pas me mènent en des endroits inconnus et pourtant incontournables.
Ce jour-là, j'ai découvert un sanctuaire dédié à la mémoire de célèbres joueurs de go.
Il abrite même un reliquaire contenant les urnes funéraires de certains défunts.
Les pèlerins peuvent venir y brûler des bâtons d'encens pour honorer leur mémoire.
Ce sanctuaire accueille notamment les cendres d'un joueur nommé Kumo.
Le connaissez-vous ?"

- "Il me semble bien que oui", répond Seisatsu, songeur.
"Ne s'agit-il pas d'un hermite réputé invaincu à ce jeu ?
L'histoire qu'on raconte est assez triste je crois,
car un seigneur mal attentionné avait voulu se servir de la réputation de l'hermite pour se rendre célèbre.
Les circonstances de la partie qu'ils ont jouée sont assez obscures.
Dans tout Rokugan plusieurs histoires ont été colportées disant que Kuma avait gagné,
mais tout autant ont laissé entendre qu'il avait perdue.
On n'a plus jamais entendu parler de l'hermite."

- "Oui, c'est bien de lui dont il s'agit.
Le moine qui s'occupe de ce sanctuaire m'a révélé que, peu avant sa mort,
l'hermite avait rédigé un poème, qui fut ensuite gravé sur l'urne qui contient ses cendres.
C'est le souvenir de cette urne qui aurait sans doute nourrit ma réponse...
Et celui des magnifiques estampes que les voyageurs peuvent admirer dans l'échoppe de la rue d'en face."

Victoire ou défaite ?
Qu'on se souvienne de moi,
Comme d'un simple peintre.
-Kuma

Un nuage de poussière se souleva lorsque le moine Takuan frappa avec un colère un caillou dans la cour d'Otosan Uchi.

"Aïe!" pesta-t-il

Plié en deux par la douleur, Takuan saisi son pied dont l'ongle du gros orteil, fendu par le caillou, laissait perler un sang rouge vif qui tombait en pluie sur la poussière de la cour. La douleur et la colère se mêlaient en lui provoquant une confusion dont il fût un instant étourdit. Il s'assit sur un banc, son pied entre ses mains, massant la partie douloureuse en essayant vainement d'apaiser son souffle pour apaiser ses émotions.

Longtemps auparavant il avait reçu de ses maîtres une vérité dont il ne parvenait toujours pas à percevoir la profondeur. Cette vérité avait été apporté d'un pays lointain et avait transité par le jeux des enseignements jusque lui. Elle se résumait en une phrase : "Cela aussi passera"

S'il n'était pas bien difficile de comprendre que cette phrase reflétait l'aspect éphémère de toute chose, Takuan ne parvenait pas à comprendre pourquoi le monde crée par les Kamis en suivant se précepte ou en tout cas en l'incluant tournait ainsi en son exacte opposé et cela le mettait en colère.

Colère contre les hommes qui s'étaient précipités à cette Cour d'Hiver afin de rivaliser en lutte courtoise pour s'approprier l'honneur et les ors promis. Capable donc d'abandonner les champs de batailles pour rivaliser en poèmes et en énigmes afin d'obtenir de quelconques faveurs ou objets qui finiraient par disparaitre engloutit par le temps. Ils les revendiquaient avec d'autant plus de bêtises selon lui que tout cela leurs était présenté comme un jeu, comme un passe temps, une distraction pour l'empereur.

Colère contre lui-même également, car il s'était détourné de son chemin d'errance pour se précipité à Otosan Uchi alors même qu'il savait qu'il ne participerais pas à ses défis, ni pour gagner ni pour perdre. Il avait par simple vanité espérer y trouver un enseignement, une vérité supérieur à celle qu'il détenait déjà et dont il n'avait pas encore compris toute la porté.

Colère enfin contre les Kamis par leur implication dans cette Cour d'Hiver. Leur rôle n'était-il pas en autre de permettre aux hommes d'atteindre l'illumination, de se confronté à cette réalité que tout passera ? pourquoi alors les agités dans un théâtre ridicule comme des pantins ou comme des ombres ? pour se distraire ? était-ce là la sagesse des Kamis ? ou bien ceux-ci n'ayant pas eux-même compris la profondeur de cette vérité s'agitaient en tout sens en pensant agités des ombres. Mais alors comment lui, Takuan, simple moine, pourrait comprendre là où les Kamis étaient réduis à l'impuissance?

Takuan massait son gros orteil en regardant la poussière qu'il avait soulevé en frappant le caillou scintiller dans les derniers rayons du soir. Son regard se fît vide, lointain, et tandis qu'il massait il sentit la douleur décroître. Et tandis que la douleur décroissait il sentit sa colère s’apaiser. Et tandis que sa colère s'apaisait il sentit son souffle devenir régulier. Et tandis que se souffle se régulait il sentit ses émotions se calmer.

Alors, du fond de lui-même une brulure s'éleva. Partant du creux de son ventre le feu remonta le long de sa gorge puis irradiant tout son être s'envola par sa bouche en un énorme éclat de rire qui résonna dans le silence de la cour.

Le visage éclairé par un sourire radieux Takuan se leva puis, en boitant, s'éloigna d'Otosan Uchi.
Il repensait à ses dernières semaines et ne cessait de se répété "Cela aussi passera!"

Tandis que Takuan s'éloignait en boitant de Otosan Uchi il dû bientôt s'arrêter au bord d'une rivière où se dressait un pont de bois. Ce pont était le seul qui franchissait la rivière sur plusieurs ri à la ronde. Lorsque Takuan avait fait mine de s'approcher pour le franchir un garde en armure caparaçonné et aux muscles saillants s'était avancé de l'ombre d'un arbre proche pour lui en barrer l'accès.

"Je suis désolé honorable biku mais l'accès au pont est actuellement interdit par notre daimyo Yori-sama. Je suis chargé d'en garder le passage."
"Et bien jeune garde du crabe je ne doute pas que vous ayez de bonnes raison d'en interdire l'accès, il y a sûrement un enjeux militaire ou politique à la clé. Mais pensez-vous qu'un pauvre vieux moine boiteux comme moi pourrais vraiment semer le trouble dans les plans de votre daimyo?" demanda Takuan en accentuant un peu le trait sur sa blessure toute neuve pour bien montrer à quel point il était inoffensif. " Je ne fait que passer en pèlerinage et je doute que quiconque ait à se défier de moi" ajouta-t-il avec un grand sourire.
"Je n'ai pas peur de vous, moine, mes années de services sur le Mur ont fait de moi l'homme que je suis aujourd'hui : un homme fort, capable de tenir tête à une armée pour défendre un pont, sur simple ordre de mon seigneur. Car là réside la force d'un soldat du clan du crabe. Il obéit à son seigneur et tient bon même seul face aux armées de l'Outremonde."

Le garde avait dit cela sans fierté, mais avec le calme placide de celui qui énonce une vérité.

"Je vois que vous ne céderez pas même si Fu Leng se présentait devant vous. Votre respect de votre seigneur vous honore et cette honneur rejaillit sur lui. Mais permettrez vous tout de même que je m'installe avec vous à l'ombre de cet arbre ? la journée est bien avancée et le soleil printanier tape dur sur mon crâne dénudé." demanda Takuan dont le front perlait de sueur sous l'effet de la chaleur.
"Bien sûr!" s'exclama aussitôt l'homme "j'ai du thé qui est prêt si vous voulez vous désaltérer" ajouta-t-il avec sollicitude.
"Je l'accepte avec gratitude" répondit Takuan " et en buvant nous pourrions deviser ensemble de cette force dont vous me parliez et qui fait l'essence du soldat du crabe?"

Tandis que le journée continuait les deux compagnons de fortune partagèrent un moment ensemble à discuter. Vers l'Heure du Singe un élément les interrompis dans leurs discussion. Une jeune femme s'approchait d'un pas pressé en jetant par dessus son épaule des regards apeurés. Le garde se leva et se plaça entre la jeune femme et le pont.
"Samurai-san, demanda-t-elle, laisser moi franchir ce pont je vous en supplie, trois hommes me poursuivent qui ne veulent du mal." Le guerrier du clan du crabe refusa de la laisser passé malgré ses supplication et son visage larmoyant. Bientôt elle reprît son chemin et disparue sur le chemin de son même pas pressé.

"Vous avez eu bien raison de ne pas la laisser franchir le pont, releva Takuan, c'était peut-être une espionne du clan du Scorpion travesti en vierge effarouchée."
"Qu'importe qui elle était, mes ordres sont de tenir ce pont" répondit le garde de manière impavide.

Tandis que les deux hommes s'installaient à nouveau à l'ombre de l'arbre trois hommes à l'apparence excités arrivèrent à leur tour. Alors que le soldat se dressait devant eux l'un des trois homme lui dit "Toi, laisse nous passer nous recherchons notre sœur, elle à gravement offensé notre grand père et doit répondre de ses actes" le guerrier refusa à nouveau de laisser les étranger franchir le pont et ils s'en furent bientôt en suivant la direction prise par la jeune fille quelques instants plus tôt.

"Peut-être finalement que la jeune fille disait vrai" fit remarquer Takuan.
"Qu'importe si elle disait vrai, mes ordres sont de tenir ce pont" rappela le guerrier. "c'est cela la force d'un soldat" ajouta-t-il.

Mais à cet instant un jeune garçon s'en vînt. Il était petit et avait l'air chétif, une lueur brulait dans ses yeux comme s'il avait été récemment malade ou qu'il ne mangeait pas à sa faim.
"Samurai-san, avez-vous passer une jeune fille poursuivit par trois gredins?" demanda-t-il avec respect.
"Effectivement, lui dit le garde ils sont partit dans cette direction."
"Merci, il faut que je me dépêche de les rattraper, ces trois là sont des bons à rien qui passe leurs temps à essayer de séduire ma grande sœur, il faut que je la protège"

Pendant que le jeune garçon s'en fût en courant dans la même direction que les autres garde du clan du crabe se tourna vers Takuan avec un sourire aux lèvres "à mon avis cette jeune fille aura besoin de l'aide de plus que se nabot si elle espère se débarrassé de ses poursuivants"

Takuan resta un instant silencieux puis ses yeux s'étirèrent et il fût secoué par un énorme éclat de rire. Reprenant un peu ses esprits au bout d'un instant il se tourna vers le garde qui le regardait avec suspicion.
"Pardonnez moi samurai-san, dit-il avec des larmes de rire au coin de ses yeux, je repensait simplement à ce que m'a dit il y a quelques années un ami à moi du clan du Scorpion. Ne le prenez pas pour vous mais il s'était exprimé en ces termes :

" les gens véritablement fort sont gentils"